édito mai 2010
« Dans un monde où rien n’a plus droit à l’avenir, ni les forêts, ni les rêves, et pour combien de temps s’élèvent les villes nouvelles, tout est menacé d’être rayé d’autoroutes, le passé bâti s’écroule... un homme, assis devant des toiles nues, imagine. Ce qu’il invente n’appartient qu’à lui. Rien n’est pris à ce qui fut. Ni à ce qu’il fit. Tout est nouveau royaume. Voilà la première donnée. C’est un peintre, ce qu’on appelle ainsi. (...) » [Aragon, 1972, préface au catalogue de l’exposition Le Yaouanc.]
L’exposition « Aragon et l’art moderne » présentée aujourd’hui au Musée de La Poste (jusqu’au 19 septembre 2010), constitue une première manifestation consacrée au poète qui fut l’un des fondateurs du surréalisme avec André Breton et Philippe Soupault. Pour réaliser un tel projet, Josette Rasle, commissaire de l’exposition, a imaginé un parcours simple, articulé autour de trois grandes périodes [des années 1920 à La Peinture au défi (1930), les réalismes socialistes français et soviétique de 1930 à 1952, les anciens amis et la découvertes de nouveaux artistes de 1953 à sa mort], permettant d’appréhender dans son ampleur le dialogue continu que l’écrivain a entretenu tout au long de sa vie avec les artistes majeurs du XXe siècle. Les œuvres exposées, dont certaines ont fait partie de sa collection - peintures, sculptures, dessins et collages -, sont illustrées par des fragments de ses textes et accompagnés de documents, livres et correspondances.
Les Écrits d’Aragon interrogent le rapport entre art verbal et pictural, exigence réaliste et appel à l’imaginaire. Ils questionnent l’univers de la représentation. Aragon « critique d’art » ? se demande Jacques Leenhardt en préambule à l’édition du volume Écrits sur l’art moderne (Flammarion, 1981). Je sais quel désespoir ce terme a éveillé en lui lorsqu’il s’en est trouvé étiqueté.
Aragon et l’art moderne
L’Adresse Musée de La Poste
Du 14 avril au 19 septembre 2010
34 Bd de Vaugirard
75731 PARIS CEDEX 15
http://www.ladressemuseedelaposte.com/