Edito de septembre 2004
En cette rentrée littéraire 2004, un roman de Yehoshua Kenaz, Retour des amours perdues, traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, est paru aux éditions Stock. Une occasion de rencontrer son auteur, né en 1937, et considéré comme un des représentants les plus importants de la littérature israélienne contemporaine. Traducteur, notamment de Flaubert, Stendhal, Balzac, Montherlant et de la quasi totalité des romans de Georges Simenon, Yehoshua Kenaz a obtenu pour l’ensemble de son oeuvre le prestigieux "Bialik Prize" en 1995. C’est au mois d’août, en plein centre de Tel-Aviv, que nous avons réalisé un entretien articulé autour de Retour des amours perdues (qui a inspiré Amos Gitaï pour son film Alila). Évoquant les orientations communes d’ordre thématique et narratif entre ses livres parus en France chez Stock, Actes Sud et Gallimard, nous avons questionné son travail d’écrivain, son rapport au texte et à la réalité. Yehoshua Kenaz s’intéresse aux vies quotidiennes, examine de près les relations familiales et de voisinage, les inclinations, les inimitiés ou les mesquineries qui existent au sein d’un groupe d’individus. Ses personnages prennent la parole et conditionnent la structure du texte. Yehoshua Kenaz donne la sensation des lieux, privilégie le huis-clos, et inscrit le récit dans une incertitude temporelle. Écrits dans un style direct, incisif, et teintés d’ironie, ses romans à plusieurs voix laissent au lecteur une liberté d’interprétation.
Nathalie Jungerman